Un «conseil de la modération» aux mains des viticulteurs pour modérer les campagnes contre l'alcoolisme ? Ce vieux rêve du lobby du vin est devenu réalité dans la nuit de mardi à mercredi. Les sénateurs ont définitivement adopté, avec l'accord du gouvernement, un amendement créant le Conseil national de la modération, dans le cadre de la loi d'orientation agricole. Et ce, dans les mêmes termes que les députés, le 17 octobre.
Ce texte a donc force de loi et il ne peut y avoir de modification au sein d'une commission mixte paritaire (CMP). «Nous dénonçons le machiavélisme des parlementaires de l'Association nationale des élus de la vigne et du vin (Anev) qui présentent cette instance comme un lieu de débat. Alors que sa composition et sa saisie automatique, pour avis, sur les campagnes reviennent à une mise sous tutelle de la prévention», a dénoncé hier Alain Rigaud, de l'Association nationale de prévention en alcoologie. D'autres ont mis en cause le double langage du gouvernement. Xavier Bertrand, ministre de la Santé, aurait fait valoir à l'Elysée l'incohérence de ce dispositif avec le plan cancer du Président, afin d'arracher à Matignon «un avis de sagesse» pour obtenir une rédaction moins favorable au lobby en CMP. En vain. Au Sénat, Dominique Bussereau, son collègue de l'Agriculture, a, lui, agi avec le soutien de Matignon en donnant un «avis favorable du gouvernement». Dominique de Villepin avait, il est vrai, assuré de sa bienveillance les élus viticoles lors d'un déplac