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«Les flics, ces bâtards, ils m'ont cassé!»

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publié le 14 novembre 2005 à 4h33

Tribunal correctionnel de Bobigny

Les bancs sont bondés. Tout le monde attend le jugement des émeutiers. Un type arbore un gros coquard : «Les flics, ces bâtards, ils m'ont cassé !» Avant l'attraction du jour, il y a Rachid, 27 ans, Marocain sans-papiers qui a refusé de monter dans l'avion pour Casablanca et qui vit «depuis huit ans chez sa soeur au Blanc-Mesnil». La juge relève : «Monsieur, vous avez indiqué être célibataire et vivre en concubinage, c'est contradictoire !» Elle continue : «Vous avez expliqué qu'avant de rentrer au Maroc, vous vouliez récupérer vos affaires, mais enfin, Monsieur, depuis le centre de rétention, vous pouviez vous organiser auprès de vos proches afin qu'ils les rassemblent ! D'autre part, vous n'auriez plus personne au Maroc.» Rachid nuance : «J'ai ma mère qui est malade et qui vit là-bas seule, même son frère est ici !» La juge se récrie : «Vous êtes en train de dire au tribunal que votre mère malade est seule au Maroc ???» Elle fouille le dossier : «Monsieur, c'est très étonnant, votre amie habiterait tantôt à Paris, tantôt à Lille, et je vois qu'un de vos frères invalide vivrait au Maroc, alors que tout à l'heure vous disiez que tous vos frères et soeurs étaient ici.» Rachid change d'avis : «Je veux rentrer au Maroc tout de suite !» «Un peu tard, monsieur !» lance la procureure. Elle réclame «la jurisprudence habituelle», trois mois ferme et une interdiction du territoire. Deux mois, deux ans d'interdiction. «Mais non, proteste Rachid, je veu