Elles sont sous le choc. L'une pleure, une autre crie sa colère, il y a aussi celles qui, abasourdies, n'ont plus même envie de parler. Hier au Palais de justice de Paris, les veuves de Dunkerque ont eu l'impression que le sort de leurs maris, décédés après avoir été exposés à l'amiante au travail, avait été brutalement scellé une nouvelle fois, et cette fois par la justice. La Cour de cassation a rejeté en effet les pourvois des familles des quatre salariés contaminés par l'amiante dans la région de Dunkerque (Nord). Et confirmé ainsi définitivement le non-lieu rendu dans cette affaire. Une décision prise en vertu de l'article 575 du code de procédure pénale : la Cour de cassation a estimé que les parties civiles n'étaient pas habilitées à se pourvoir en cassation dans ce dossier.
Gifles. L'affaire remonte à 1997. Quatre victimes dont deux sont décédées depuis d'un cancer de la plèvre avaient porté plainte aux côtés de l'Ardeva (Association régionale des victimes de l'amiante) contre trois entreprises de l'agglomération de Dunkerque : Sollac, Normed et Weizsaecker et Carrère (WCI). Après sept années d'instruction, le 16 décembre 2003, la justice avait rendu une ordonnance de non-lieu. Confirmé le 15 juin 2004 par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Douai, ce non-lieu a provoqué alors la colère et la mobilisation des «veuves de Dunkerque». Depuis novembre 2004, elles ont défilé en silence, toutes les trois semaines, autour du palais de justice de Dunkerque.