Menu
Libération
Interview

«L'orientation quasi définitive à 14 ans, c'est prématuré»

Article réservé aux abonnés
publié le 28 novembre 2005 à 4h41

Le gouvernement s'apprête à préciser dans les jours à venir comment il compte mettre en oeuvre l'apprentissage à 14 ans. Fervent promoteur de l'apprentissage en général, Xavier Cornu est également un fervent opposant à sa mise en oeuvre dès 14 ans. Explications de ce directeur général adjoint de l'enseignement et de la formation à la chambre de commerce et d'industrie de Paris.

Pourquoi le «fanatique» de l'apprentissage que vous dites être s'oppose-t-il à l'apprentissage à 14 ans ?

D'abord parce qu'un jeune de 14 ans, quel que soit le milieu dont il est issu, n'a ni les aptitudes physiques et comportementales, ni la maturité psychologique pour endosser la responsabilité d'un contrat de travail. A fortiori les 15 000 jeunes en situation de déscolarisation qui sont clairement visés par le dispositif : ils savent à peine lire, écrire et compter, sont dans un temps de révolte et pas d'intégration ­ ce ne sont pas des conditions idéales pour être embauchés ! Un tel dispositif risque donc de se retourner contre le jeune : si vous le faites entrer en apprentissage en lui expliquant que c'est une «dernière chance», et que le contrat est rompu au bout de trois mois, vous lui plongez la tête sous l'eau encore plus profondément. On n'a pas le droit de jouer avec ça.

Même si cette orientation est «réversible», comme le promet le gouvernement ?

Mais le vrai apprentissage ne l'est pas ! Quand vous êtes apprenti boulanger, vous n'êtes pas apprenti couvreur, encore moins collégien modèle puisqu