Sur l'affiche, dans les têtes, dans les discours : Nicolas Sarkozy était le personnage obsédant du 39e congrès de Syndicat de la magistrature (SM, gauche), qui s'est tenu à Paris ce week-end, avec pour slogan «2005, une année noire pour les libertés et la justice». Des années de lois sécuritaires ont débouché sur des émeutes dans les banlieues et l'instauration de l'état d'urgence. «Il faut le marteler : on assiste à la faillite sécuritaire », s'énerve un orateur.
Pourtant, le ministre de l'Intérieur, qui «a lancé une bataille symbolique sur le langage» comme le relève un autre magistrat, gagne des points dans l'opinion. En parlant de «racaille» et de «Kärcher». «Vous connaissez l'Enchanteur des médias modernes ?» demande un ancien militant qui a repris du service en raison des récents événements. «C'est une société de marketing politique qui travaille pour l'UMP et qui a acheté sur Google une série de mots-clés comme ceux-là (Libération du 8 novembre, ndlr). En tapant ces mots, on arrive sur le site de l'UMP, qui se vante d'avoir recruté 3 000 nouveaux adhérents comme ça en quelques jours.»
Cette rupture de langage est un phénomène «marqué du sceau de la fausseté et de l'imposture». Sarkozy se flatte d'employer le langage du peuple ? «Il va dans les banlieues avec trois cars de CRS, il ne connaît rien au langage du peuple. Ce langage-là, c'est celui de l'extrême droite.» Que faire ? Les uns proposent de commencer par une analyse de ce qui s'est passé pendant les événements ré