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Libération

Scène de réinsertion à Toulouse

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Condamnés à de longues peines, des détenus du Muret jouent une pièce de théâtre hors les murs de la prison.
publié le 28 novembre 2005 à 4h41

Toulouse de notre correspondant

A 69 ans, le surnommé Jean de la Rigole vient de passer plus d'une heure sur la scène du Théâtre du Grand Rond à Toulouse. Il n'en revient pas que «les gens soient venus [les] voir», lui et ses cinq compagnons comédiens. «On est bien, sourit-il le plus humblement du monde. On se sent mieux. On est quelqu'un.» Quand il n'est pas sur scène, Jean de la Rigole est pensionnaire du centre de détention de Muret.

Souvenirs. Cette réinsertion par le théâtre, le spectateur le plus attentif en est certainement leur juge d'application des peines. «Ce ne sont pas là des voleurs de bicyclette, apprécie Philippe Laflaquière. Ils sont tous condamnés à de longues peines pour des motifs criminels. Le travail culturel, l'écriture d'une pièce de théâtre et son interprétation sont un moyen de réfléchir sur son passé et sur ses actes.» La pièce, le Paradigatoire, a été écrite par ses comédiens et mise en scène par le directeur de la Compagnie du printemps à l'intérieur, Alain Régus. Ce sont des souvenirs fictifs ou réels qu'ils viennent évoquer devant le public. L'un y parle du café qu'il prenait avec son grand frère, l'autre de la cueillette des champignons...

«Mes acteurs ont des sentiments, ils ont des mots, ils ont des craintes avant d'affronter leur public», résume le metteur en scène. Ils ont le désir de montrer qu'ils sont comme tout homme, quelqu'un qui, un jour, a pu déraper. Le rideau à peine baissé, l'un d'eux se précipite pour embrasser longuement une spec