L'intelligence économique a encore reculé d'un cran hier devant le tribunal correctionnel de Paris en charge de l'affaire «Couper les ailes de l'oiseau». La société Thomson y est accusée de tentative d'extorsion de fonds contre le groupe Lagardère, sur fond de règlements de comptes entre marchands de canons.
De fait, l'intelligence économique est la nouvelle appellation de l'espionnage industriel, qu'il soit pratiqué par des services gouvernementaux ou des officines privées, ses praticiens ayant la fâcheuse tendance de passer de l'un à l'autre. En clôture des débats, le tribunal a entendu hier comme témoins deux personnages très «intelligents» : Raymond Nart, ancien n° 2 de la DST, parti pantoufler dans une société de matériel militaire (CS) avant de jouir d'une retraite bien méritée ; et Jean-Louis Gergorin, ancien diplomate, n° 2 d'EADS en charge de la «stratégie», donc de l'espionnite («Jean-Luc Lagardère n'avait aucun goût pour le renseignement ; comme j'avais été au Quai d'Orsay, il a pensé à moi»).
La DST avait été saisie en 1994 par le cabinet d'Edouard Balladur à Matignon, suspectant une opération de déstabilisation de Lagardère orchestrée par la CIA. Nart dit «avoir fait très vite le tour de la question. En fait c'était franco-français», Thomson étant derrière l'affaire. Si son enquête a dégénéré, c'est la faute à la DGSE : «Le gouvernement français avait saisi les deux services. La DGSE détricotait derrière notre passage, notre source faisant l'objet d'un contrôle fi