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Sur la route, l'alcool tue dix fois plus que le joint

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Première mondiale, une enquête effectuée à partir de prélèvements réalisés sur plus de 10 000 accidents de la route analyse les typologies des consommateurs et les différents facteurs de risques. Et souligne le danger du mélange.
publié le 3 décembre 2005 à 4h48

«Irresponsable», «obsolète», «relativisant les dangers du cannabis au volant». Depuis deux mois, ces éminents chercheurs ont tout entendu sur leur étude «Stupéfiants et accidents mortels» (SAM), sans pouvoir répondre. Pour eux, l'enjeu était de taille, après quatre ans de travail pour décortiquer les PV des 10 800 accidents mortels qui ont eu lieu en France entre octobre 2001 et septembre 2003. Et ce, avec l'aide des gendarmes, des policiers et des tribunaux qui ont organisé des prélèvements de sang sur tous les conducteurs morts ou rescapés. Et des labos qui ont recherché la présence de drogues dans ces milliers d'échantillons sanguins. Puis, épidémiologistes et accidentologues ont déterminé les responsabilités des conducteurs sous influence, en les comparant à un groupe témoin d'accidentés sans drogue dans le sang. Une énorme machinerie.

Reconnaissance. Au printemps, ils ont eu le bonheur de voir leur enquête ­ la première au monde possédant une telle puissance statistique ­ acceptée par le prestigieux British Medical Journal (BMJ). Qui l'a finalement rendue publique vendredi, déliant du même coup ses auteurs du silence que ce type de revue scientifique impose jusqu'au jour de publication. Entre-temps, la révélation par Libération ­ le 3 octobre ­ des principales conclusions qui circulaient officieusement au gouvernement a déclenché une polémique sans précédent. Avec une montée au créneau de certains députés UMP, ministres et toxicologues en pleine croisade antihachisch et