Les auteurs d'infractions sexuelles peuplent les prisons. Lors des récents débats sur la loi sur la récidive, adoptée le 22 novembre, le législateur leur a promis des peines plus lourdes, des bracelets électroniques mobiles, mais aussi des suivis sociojudiciaire et psychiatrique. Feignant d'ignorer que les dispositifs déjà prévus n'ont pas les moyens de fonctionner (déficit en médecins, en travailleurs sociaux...). Les spécialistes estiment que ces suivis constituent un instrument de lutte efficace contre la récidive. Reportage à Bordeaux, où l'un des services de l'hôpital psychiatrique Charles-Perrens s'est spécialisé dans le traitement des délinquants sexuels. Trois hommes, très différents, ont accepté de témoigner.
Julien, 34 ans
Ingénieur, exhibitionniste
Les trains, les plages, les toilettes publiques... Voilà des lieux dont Julien se méfie. En mangeant la moitié des mots, il raconte la fois où il s'est fait alpaguer, en janvier 2004, dans un Corail qui descendait vers Marseille. «Il y avait une jeune fille, seule de l'autre côté de l'allée. Moi, j'étais seul du mien. Je la regardais dans la vitre. A un moment, elle m'a vu.» Elle le traite de malade, s'en va, puis revient accompagnée de deux contrôleurs. Pour Julien, le voyage se termine à la gare suivante, où les gendarmes l'attendent avec des menottes. Garde à vue, nuit au poste, relevé des empreintes génétiques. Aux enquêteurs, puis au juge, Julien assure que c'était une première, un accident consécutif à une récente ru