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Libération

«A l'époque, j'avais quitté la normalité»

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Où les assises du Nord écoutent le braqueur raconter la dérive de son groupe.
publié le 10 décembre 2005 à 4h55

Douai (Nord) envoyée spéciale

«On avait un plan pour attaquer un fourgon. Mais un truc d'amateur, avec des bagnoles qui avaient quinze ans d'âge. Caze était pressé, ça a foiré», raconte Lionel Dumont, jugé jusqu'au 16 décembre aux assises de Douai. La scène se passe le 25 mars 1996. Caze, c'est le chef, mort quatre jours plus tard sous les balles d'une policière belge alors qu'il était en fuite. Le groupe qui mélangeait islam et banditisme écumait le secteur.

«Caze habitait chez Zemmiri, poursuit Dumont au micro, debout dans le box. Zemmiri voulait le virer, sa femme allait revenir. Moi, je ne pouvais pas le prendre chez moi, j'habitais chez ma mère. Caze avait besoin d'argent vite, pour s'installer.» Caze fait un vague repérage : un fourgon vient chercher de l'argent tous les lundis à la même heure sur le parking d'Auchan, à Leers. Les armes viennent de Bosnie. Dumont assure : «J'étais guetteur, mon rôle était de rester en arrière et de prévenir au talkie-walkie si la police arrivait. Je n'ai pas utilisé mon arme.» L'attaque rate «lamentablement». Tous sont encagoulés, sauf Caze. «Ce dingue est sorti sans cagoule.» Mais armé : kalachnikov, pistolet automatique, lance-roquettes...

«Ils ont rafalé dans tous les sens, sans demander d'ouvrir le fourgon. J'ai pas compris. Ils l'ont transformé en gruyère.» Caze se brûle avec son lance-roquettes. Une balle éclate le genou d'un convoyeur. «Il faut remercier le bon Dieu», dit l'accusé, le convoyeur aurait pu y rester. Pour rien : la re