C'est une étape cruciale, fruit d'une longue et houleuse bataille de l'Association nationale des victimes de l'amiante (Andeva) avec la chancellerie. Mercredi, pour la première fois dans cette affaire, un procureur de la République a ouvert «spontanément» une information judiciaire. Jusqu'ici, les seules instructions en cours résultaient de constitution de parties civiles de victimes. Mais mercredi, trois informations judiciaires pour «homicides et blessures involontaires» ont été ouvertes à Paris, à l'initiative d'un parquet.
Les deux premières plaintes ont été déposées à Dunkerque par un ancien salarié de la Sollac atteint d'un mésothéliome, et par la veuve d'un employé de la société Sotrasnent, décédé de ce cancer. La troisième concerne les familles de quatre ex-employés de l'entreprise Eternit à Albi (Tarn), mortes de mésothéliome.
«Jusqu'ici, le parquet était totalement inexistant dans l'affaire de l'amiante, quand il n'agissait pas contre les victimes !» explique François Desriaux, président de l'Andeva. Dans un communiqué, l'Andeva se réjouit de ce tournant : «Les victimes attendent que l'instruction puisse mettre au jour les responsabilités des industriels, des employeurs et des pouvoirs publics qui ont conduit à la plus grande catastrophe sanitaire que notre pays ait connue.» Trois mille décès par an en France sont dus à l'amiante.
Les dossiers seront instruits au pôle de santé publique du tribunal de Paris par la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy et un autre magistrat