Emerainville est une petite commune de quelque 7000 habitants en Seine-et-Marne. Coquette, enchâssée dans des forêts, à taille humaine. Voilà pour les apparences. Mais, sous les vertes frondaisons, règne une ambiance moins bucolique. La révolte gronde. D'abord du côté du personnel communal. Les procès d'employés de la ville contre le maire UMP, Alain Kelyor, se multiplient. Une partie de la population commence aussi à relever la tête. Notamment les habitants du quartier du Clos d'Emery, dont la majorité est d'ascendance malienne. Le 10 décembre, une marche silencieuse à travers la ville a réuni quelque 200 personnes. Contre le racisme et l'ostracisme. Le maire avait refusé d'autoriser la manifestation. Elle a tout de même eu lieu, et il était l'un des premiers visés.
«Le Bronx». Alain Kelyor a été élu en 1995. L'un de ses thèmes de campagne : restaurer l'image du Clos d'Emery. En clair, chasser les Africains qui s'y sont installés. Le «Petit Bamako», comme le nomment eux-mêmes les habitants, alors que le maire préfère dire «le Bronx», est un quartier d'immeubles de deux à trois étages, en copropriété. En 1985, l'immobilier connaissait une crise. Rien ne se vendait. Le quartier, pas encore desservi par la ligne E du RER, était perdu au diable Vauvert. Un ouvrier de la Ville de Paris, qui venait de faire venir sa femme et ses enfants du Mali, cherchait un logement à acheter, pas cher. Il a fait affaire avec l'agent chargé de solder l'invendable Clos d'Emery, qui lui a proposé u