Tribunal correctionnel de Reims
Affable, le président s'enquiert : «Maître, vous avez réussi à garer votre voiture ?» Et poursuit : «L'un des prévenus, affecté de dédoublement de la personnalité, ne peut être présent.» Il avise l'autre prévenu : «L'affaire est renvoyée, monsieur. Et enlevez vos mains de vos poches ! Affaire suivante !»
Trois garçons et trois avocats s'approchent : «Maître, rigole le juge, vous n'avez pas mis votre nom sur le dossier ? Ah, c'est pour bien nous montrer que vous avez été saisi tardivement ? Alors ce client ? Comment ? Il est sans ressources et vit chez ses parents ?» Il se tourne vers la greffière : «On renvoie. Mais pff ! Ça fait longtemps que ça dure ! Allez, mettez ça à la Saint-Guillaume !»
Enfin, une affaire est prête. Daniel, 59 ans, un petit homme rond et chauve, se poste à la barre. «Vous n'avez pas d'avocat, note le juge. Vous êtes fonctionnaire à la retraite et vivez à Saint-Dié, une bien belle ville !» «Merci, monsieur le président !» s'incline Daniel. Pendant deux ans, il a démarché des personnes âgées pour leur vendre des appareils apaisant les douleurs de dos. «Dites-nous de quoi il s'agit, monsieur ; ça intéresse le tribunal qui, lui aussi, souffre du dos !» «Il s'agit de matériel de thérapie électromagnétique», affirme pompeusement Daniel. Le président sourit : «Et ça coûtait très cher !» «20 000 francs, je parle en francs, répond Daniel, mais ça calmait les douleurs !» Le juge : «Et votre marge là-dessus ? 2 021 francs ! Pour un a