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Libération

Les vues convergentes du juge et du regard «extérieur»

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publié le 22 février 2006 à 20h25

Maurice Marlière venait d'arriver au tribunal de Boulogne-sur-Mer, au poste de vice-président, lorsque fut votée en juin 2000 la loi créant la fonction de juge de la liberté et de la détention (JLD). Elle suscita visiblement peu de vocations. «Comme j'étais le dernier arrivé, c'est bien évidemment à moi qu'il a été confié», dit Maurice Marlière, vingt et un ans de carrière. Très vite, il précise : «J'étais d'accord, bien sûr.»

Devant la commission parlementaire sur l'affaire d'Outreau, Marlière tirait hier la conclusion sur ce poste qu'il inaugura : «Je suis pleinement conscient que le caractère dramatique de ce dossier résulte essentiellement de la détention provisoire.» Au total, les treize d'Outreau auront en effet effectué à eux tous plus de 25 ans de détention provisoire, avant d'être finalement acquittés au bout de deux procès d'assises, et le récit de leurs années de prison a sans doute été un des moments qui firent exploser le lacrymomètre devant cette même commission.

Loi Guigou. Cela semble une ironie : la loi Guigou de juin 2000 avait en effet la volonté de renforcer le respect de la présomption d'innocence. Jusqu'alors, en effet, c'était au magistrat instructeur que revenait la responsabilité de maintenir en liberté ou non un mis en examen avant son procès. En confiant cette charge à un autre magistrat, le législateur souhaitait imposer un regard extérieur sur un dossier en cours. L'analyse statistique des décisions rendues par Maurice Marlière situe facilement le