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Libération

Outreau : le procureur Bot et la «théorie du trou de gruyère»

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Le «patron» du parquet général de Paris était entendu hier par les députés.
publié le 9 mars 2006 à 20h34

Ceux qui cherchaient à joindre hier après-midi un magistrat au parquet général de Paris ont dû devenir fous. Ils étaient tous ­ ou presque ­ respectueusement en rang pour écouter la prestation du «patron» devant la commission parlementaire d'Outreau. Le «patron», c'est le surnom d'Yves Bot, procureur général de Paris, un des postes les plus élevés de la hiérarchie judiciaire. Peu après le verdict de Saint-Omer, où six innocents d'Outreau venaient de se faire condamner, Bot avait fait applaudir à un congrès Fabrice Burgaud, juge d'instruction de cette affaire. Deux ans plus tard, lorsque les six mêmes innocents comparaissent en appel à Paris, c'est à nouveau Bot qui leur présente publiquement ses «regrets» avant même qu'ils ne soient acquittés.

«Humanité». Le rapporteur Philippe Houillon (UMP, Val-d'Oise) rappelle à Bot que la mission des élus est d'étudier les dysfonctionnements de la justice. Parmi la quinzaine de magistrats déjà entendus, la plupart ont assuré avoir bien fait leur travail, c'est-à-dire ne pas avoir malmené le code de procédure pénale. Houillon demande à Bot : «Si vous avez présenté vos regrets, cela voudrait dire que, pour vous au moins, il y a eu des dysfonctionnements ?» Bot parle d'un ton monocorde. «Cette expression m'est venue spontanément parce que ces gens avaient besoin de sentir de l'humanité.» Dans les rangs de la presse, un journaliste s'est endormi. Houillon, plus ferme : «Mais y a-t-il eu des dysfonctionnements ?» Bot : «C'est faussement simple