C'est un chiffre fatidique. Hier, plus de 100 000 personnes avaient signé la pétition «Pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans» (1). Un succès aussi inattendu que spectaculaire. Dans le monde de la santé, il faut remonter aux années de lutte pour le droit à l'IVG pour retrouver pareil phénomène.
Le point de départ de cette mobilisation avait été la parution en septembre d'une expertise collective, réalisée sous la responsabilité de l'Inserm sur le thème : «Le trouble des conduites chez l'enfant». Un travail surprenant. Les experts préconisent «le repérage des perturbations du comportement dès la crèche et l'école maternelle». L'air de rien, les chercheurs stigmatisent comme pathologiques «des colères et des actes de désobéissance» et les présentent comme «prédictifs» d'une délinquance. «Des traits de caractère tels que la froideur affective, la tendance à la manipulation, le cynisme, l'agressivité», mais aussi «l'indocilité, l'impulsivité, l'indice de moralité bas» sont ainsi mentionnés «comme associés à la précocité des agressions».
«En janvier, avoue le professeur Pierre Delion, chef d'un secteur de pédopsychiatrie à Lille, qui pouvait y croire ? Nous avons lancé cette idée de pétition en discutant dans le couloir d'un congrès à Nice sur l'autisme avec différents responsables de PMI (service de protection maternelle et infantile), et à ce moment-là on pensait tout au plus arriver à 500 signatures.»
Dénoncer. «Le texte était en soi ahurissant, po