Bob Denard, mercenaire ou serviteur de la France ? Avec une trentaine de soldats de fortune, il renversait, en octobre 1995, le président comorien Saïd Mohamed Djohar, sans quasiment tirer un coup de feu. Le procès du coup d'Etat s'est achevé hier à Paris après quatre semaines d'audience. Sur 27 prévenus, un grand absent : Denard lui-même, 76 ans, pour cause de maladie d'Alzheimer. Déclaré inapte à comparaître, il reste néanmoins accessible à une sanction pénale. En son absence, les débats ont longuement envisagé le rôle supposé de la DGSE dans le coup de force.
Cas d'école. C'est une défense classique chez les mercenaires pris la main dans le sac : se dire commandités plus ou moins officieusement par les services spéciaux. Les Comores sont un cas d'école. A ses hommes, Bob Denard confiait avoir le «feu orange» de la DGSE pour organiser son putsch. Ils ont traduit qu'ils étaient «couverts» par la France, à défaut d'être mandatés. Le déroulement des opérations a pu renforcer cette impression. Une fois le président Djohar renversé par Denard et son équipe, une fois le pouvoir transmis à des opposants libérés de prison, l'armée française intervient officiellement : elle arrête les mercenaires et les rapatrie en France ; elle met le président Djohar à l'abri sur l'île de La Réunion. Dans les faits, elle exile temporairement le président en titre et accepte son successeur mis en place par Denard. La France entérine le putsch en douceur.
«Ce procès est rarissime, lance Me Thibault d