Strasbourg de notre correspondant
Trois mois de prison ferme et 8 000 euros d'amende ont été infligés à Jean Conrath, un agent sportif de 53 ans qui comparaissait hier devant le tribunal correctionnel de Strasbourg pour avoir hébergé «dans des conditions contraires à la dignité humaine» quinze athlètes kényans. La peine est inférieure aux «quatre à cinq mois» d'emprisonnement et 15 000 euros d'amende requis à l'audience. Elle ne s'accompagne pas de l'interdiction d'exercer le métier de manager réclamée par le ministère public. Mais l'avocat de la défense, Me François Ruhlmann, a tout de même jugé que son client, autrefois champion de France du 5 000 m et sélectionné pour les Jeux olympiques, était désormais un «homme brisé». Sans doute est-ce le qualificatif de «proxénète du sport» lancé par le procureur qui a fait mouche.
L'affaire avait éclaté fin novembre à Vendenheim (Bas-Rhin), près de Strasbourg. Quinze athlètes kényans, dont quatre femmes, viennent se plaindre auprès du maire de leurs conditions d'hébergement dans un pavillon mis à disposition par Jean Conrath. Ils sont là depuis un mois, ont froid et faim parce que leur manager a fermé à clef la porte de la cuisine, manière de régler un litige financier. Les gendarmes sont saisis. Ils relèvent la température : 12 degrés. Ils calculent la surface habitable : 55 m2. «Ce qui ne fait même pas 4 m2 par personne», note la présidente du tribunal. Il y a une table et cinq chaises, un chauffage défectueux, pas de salle de bains