«Et si Yvan Colonna était innocent ?» C'est avec ce slogan que la Ligue des droits de l'homme a décidé de se pencher sur l'instruction concernant l'homme soupçonné par la justice d'être l'assassin du préfet de Corse Claude Erignac, abattu à Ajaccio le 6 février 1998. C'est ce qu'a annoncé vendredi son président honoraire, Michel Tubiana, au cours d'une conférence de presse, entouré des avocats du plus célèbre des bergers corses. «Il n'est pas question, ni de défendre des actes terroristes, ni même de savoir si Colonna est innocent ou coupable, a indiqué Michel Tubiana. Mais simplement de faire en sorte que la justice ne dérape pas.»
A vrai dire, il paraît convaincu qu'elle a déjà dérapé, puisqu'il souhaite la création d'une commission d'enquête parlementaire sur «la police et la justice antiterroriste et les pratiques que nous voyons apparaître au fil des dossiers». Il est évidemment revenu sur les éléments rapportés par le livre Place Beauvau (lire page 14), mais aussi sur l'acquittement récent de Jean Castela et Vincent Andriuzzi, pourtant condamnés à trente ans de prison en première instance comme «commanditaires» de l'assassinat du préfet : un acquittement en raison de «conditions douteuses d'administration de la preuve» (lire ci-dessous). Pour Michel Tubiana, l'affaire Colonna est en train de répéter les mêmes errements: «La manière dont cette instruction est conduite ne présage pas d'un procès équitable.»
Pour les avocats du berger de Cargèse, foin de précaution : l'inst