Tribunal correctionnel d'Evry
Au premier rang, dans le public, les parents de Benoît, chic et stricts, écoutent. Sur le quai du RER, avec d'autres copains, Benoît, 19 ans, a frappé de jeunes juifs, arraché leur kippa et crié «sale juif, tu bouffes notre soupe ! Retourne chez ton Sharon !». L'avocate de Benoît intervient : «Il n'a aucune connaissance politique ; il ne connaît même pas la différence entre Sharon et le Hamas ! Il reconnaît les violences et s'en excuse.» Elle assure : «A 19 ans, avec la garde à vue et le week-end à Fleury, il a compris la leçon.» Deux mois avec sursis et 200 heures de travail d'intérêt général.
Dans le box, les policiers enlèvent les menottes de Pierre, un petit gros tout rouge. Il a 44 ans, en paraît 65. C'est la seconde fois que Pierre est jugé pour avoir frappé Annette, la mère de ses deux filles. La procureure se lève : «J'étais là, monsieur, le jour de votre première condamnation, et je me souviens très particulièrement de votre promesse de repartir en Charente !» Pierre écarte les bras : «Ben, je suis pas parti ! J'avais un stage de cuisine, mais on était trente-six pour douze places. J'ai pas été pris. Mais je pars dès que je peux, toute ma famille y est !» La présidente lit : «Les policiers sont appelés par votre fille de 12 ans, vous aviez donné une énorme claque à sa mère !» Aux policiers, la petite a raconté : «Mon père a crié à ma mère: "Va au lit, je vais te violer", et il l'a giflée trois fois. Alors, je lui ai dit "Tu vas voir ce qu