Monaco envoyé spécial
Quand ça a commencé à tourner vinaigre, à l'été 2000, Bill le délicieux a reconnu dans un fax à ses employés : «Il y a une certaine odeur de défaite. Elle se répand sur tout ce que vous touchez, jusqu'à ce que vous trouviez le bon déodorant.» De 80 à 140 millions d'euros disparus dans Hobbs-Melville, sa société financière établie depuis 1994 dans la principauté de Monaco, 400 investisseurs floués alors qu'on leur promettait oralement des rendements annuels de 25 à 55 %, il y avait de quoi sonner la retraite. La justice monégasque parle d'escroquerie ; William Hobbs Fogwell, 71 ans, dit Bill, d'une mauvaise affaire dont il serait la première victime.
Six ans plus tard, l'affaire est jugée devant le tribunal correctionnel de Monaco. La puanteur finit par empester la Principauté, fortement mise en cause par les parties civiles (près de 300 répertoriées) pour son laxisme. Les autorités savaient que la cuisine de Bill ne sentait pas bon, mais elles n'ont rien fait pour le retirer des casseroles. Pour mettre leur rôle au clair, les parties civiles demandent l'audition, comme témoins, de quelques notabilités, qui refusent. Jean-Paul Proust, le ministre d'Etat [Premier ministre, ndlr], propose gentiment, par lettre au tribunal, de remplacer un témoin, Franck Biancheri, ministre des Finances, par un autre. Les parties civiles sautent au plafond : depuis quand le chef de l'exécutif indique-t-il à la justice quel témoin elle peut entendre ? Ailleurs, on s'insurgerai