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Libération
Interview

«Je cherche mes origines, pas un père»

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publié le 31 mars 2006 à 20h46

Comme les témoins rencontrés par Jean-Loup Clément, Félix, 28 ans, qui travaille dans le paramédical, est né par IAD. Il se confie à Libération : «Je suis fils unique. Mes parents m'ont révélé les conditions de ma conception quand j'avais 24 ans. J'étais alors en pleine rupture sentimentale. Ils voyaient que je me questionnais. Ils m'ont dit : "Il faut qu'on te parle." Cela n'a pas été un soulagement. Ni une nouvelle choquante. Mais petit à petit, je me suis posé des questions : pourquoi il a fait ça, ce mec-là (le donneur, ndlr) ?

Physiquement, je n'ai rien de commun avec mon père. Je suis blond aux yeux bleus, lui brun. Ces caractéristiques m'ont travaillé. Quand je me suis constitué une identité masculine, à l'adolescence, quand on doit s'identifier à son père, pour moi, cela a été difficile. Il y avait quelque chose qui clochait. Je cherchais des ressemblances physiques. A l'époque, c'était complètement secret. Personne ne le savait dans la famille.

Le secret est lourd à porter. On porte une honte sur soi. On sent qu'il y a des choses qu'il ne faut pas dire. On porte l'infertilité d'un père, sans le savoir. Eux-mêmes ne l'ont pas dit. Il ne faut pas le dire. Donc, on se tait. J'aurais aimé le savoir plus tôt. J'aurais été plus épanoui, libéré de quelque chose. Mes parents le comprennent.

Je suis allé au Cecos. J'ai rencontré le professeur qui avait fait ça. J'étais le seul enfant IAD à être venu le trouver. Je ne pensais pas qu'il allait me révéler quoi que ce soit. Je sais