De lui, on ne sait rien. Sa victime, elle, est devenue un symbole. Depuis qu'elle a été brûlée vive à l'âge de 17 ans dans un local à poubelles de la cité Balzac à Vitry-sur-Seine le 4 octobre 2002, Sohane Benziane représente le combat des filles des cités écrasées par le machisme. Aujourd'hui, Jamal Derrar, 22 ans, son meurtrier présumé poursuivi pour «actes de torture et de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner», comparaîtra aux côtés de Tony Rocca, 23 ans, accusé de complicité. Leur procès s'ouvre aux assises du Val-de-Marne pour une semaine. Tous deux encourent la réclusion à perpétuité.
Selon son avocat, Jamal Derrar «attend son procès avec l'envie d'être jugé». Mais le jeune homme a «peur d'être pris pour un symbole d'une cause». Selon Me Denis Giraud, Jamal Derrar, «idéaliste» et «immature», ne ressemble pas à «une brute perverse» ni à «un petit caïd de banlieue» et ne voulait pas causer la mort de Sohane. La juge d'instruction n'a pas retenu l'intention et a requalifié les faits.
Jamal Derrar, «un homme barbare», selon la soeur de Sohane, a expliqué aux juges qu'il avait aspergé Sohane d'essence puis agité un briquet allumé dans le but de lui faire peur, provoquant involontairement l'incendie et la mort de la victime. A l'en croire, il aurait agi par dépit amoureux. Cette version a été démentie par de nombreux témoignages. L'origine du crime serait, selon des témoins, une rancune d'adolescent. En août 2002, le petit ami de Sohane aurait rudoyé la