Menu
Libération

Sohane, une vie à la rude et des tas de projets.

Article réservé aux abonnés
A 17 ans, la benjamine des soeurs Benziane était connue pour sa simplicité et son sérieux.
publié le 8 avril 2006 à 20h52

Chez les Benziane, à la cité Bourgogne de Vitry-sur-Seine, il y avait des heures pour rentrer. Parfois, les trois soeurs trouvaient la porte du F5 fermée à clé. «Ma belle-mère nous laissait dehors jusqu'à ce que ses nerfs passent», raconte Wahiba, l'aînée. Au début de l'année 2002, elles avaient entre 17 et 19 ans, des jolies filles, surtout Sohane la dernière. On se retournait sur elle dans la cité.

Parfois aussi, dans leur chambre, les trois soeurs étaient privées d'électricité. Ou alors, elles trouvaient le frigo soigneusement vidé. La belle-mère avait caché la nourriture tout au fond d'une glacière pour ne pas qu'elles la trouvent. Leur mère, la vraie, était morte juste après la naissance de Sohane. Le père s'était remarié avec Tassadit, presque tout de suite après. Il travaille comme éboueur, depuis qu'il est arrivé d'Algérie, trente ans plus tôt.

Aux assises de Créteil, la vie des trois soeurs Benziane, à la cité Bourgogne, retourne encore un peu plus les coeurs lorsque l'enquêtrice de personnalité insiste à la barre : «La belle-mère attendait la majorité de Sohane pour la mettre à la porte... C'était la plus détestée par la belle-mère qui reconnaît des difficultés relationnelles, une certaine jalousie.» Aujourd'hui, Wahiba, l'aînée des soeurs, a 24 ans, des enfants. A une suspension d'audience, elle se souvient : «C'est vrai, on a été élevées à la rude mais, avec le recul, j'arrive à comprendre. Je ne peux pas critiquer l'éducation de ma belle-mère par respect pour mes