De leur installation à la campagne, ils en rigolent devant le visiteur, citant ce dialogue qui a promu le village au rang de trou perdu : «Si tu continues à faire le con, on va être mutés à Toulon-sur-Arroux.» Toulon, 1 600 habitants, joli bourg de Saône-et-Loire, aux portes du Morvan, dont le périmètre sanitaire d'intervention des médecins est de 2 800 habitants et de quinze kilomètres aux alentours.Ce couple s'y est installé, il y a huit mois. De son plein gré, avec leurs deux enfants. Christophe Rohrbach est médecin de campagne. Ils habitent un ancien presbytère décoré aux petits oignons, avec jardin. Agathe a acheté un cheval. Christophe, un vélo. Ils ont 35 ans. Ils ont amélioré de 30 % leur niveau de vie. Il dit : «C'est une lune de miel professionnelle.»
Candidats.
Paul Dumont fait mine de s'éponger le front. Le maire de Toulon-sur-Arroux a enfin trouvé sa perle rare. L'édile a connu l'espoir, la panique et le découragement. Tout a commencé lorsque les deux médecins du cru, en place depuis trente ans, sont partis en retraite. Le maire mobilise la pharmacienne, les infirmières. «Cellule de crise», dit Sylvie, infirmière à Toulon depuis quinze ans. Il y a beaucoup de retraités à Toulon. Sans docteur, les gens se sentent abandonnés. Comme si on allait les laisser mourir tout seuls. Certains en parlent au maire, d'autres se taisent. L'enjeu, c'est aussi de conserver «l'hôpital local», pourvoyeur d'emploi. 35 places de soins de suite. 55 de maison de retrait