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Van Ruymbeke, piégé consentant ?

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Mis en cause pour avoir rencontré confidentiellement Jean-Louis Gergorin,le magistrat s'est retrouvé embarqué dans la manipulation.
publié le 30 mai 2006 à 21h24

Un corbeau rencontrant un juge d'instruction avant de lui envoyer ses lettres anonymes, de quoi provoquer un tollé. Jean-Louis Gergorin, l'avocat Thibault de Montbrial et Renaud Van Ruymbeke l'ont avoué. Entendu le 10 mai par les juges Jean-Marie d'Huy et Henri Pons, le 15 mai par le premier président de la cour d'appel, le 18 mai par l'inspection des services judiciaires, Renaud Van Ruymbeke, «RVR», s'est longuement justifié auprès des juges et de ses proches.

Devait-il accepter des rendez-vous secrets ?

A ses yeux, l'avocat qui le contacte est «plus que crédible» : Me Thibault de Montbrial a déjà fait témoigner devant lui la veuve du commandant Yin, militaire taïwanais assassiné en 1993 en marge de l'affaire des frégates. Montbrial lui annonce qu'un industriel de l'armement a des «révélations» à faire. «Il connaît des circuits de redistribution», expose l'avocat, mais serait «en danger» : «Vous avez déjà trois morts suspectes dans le dossier, il ne veut pas être le quatrième.» Van Ruymbeke accepte la rencontre, d'autant qu'après trois ans d'enquête il n'a toujours pas trouvé de rétrocommission, à l'exception d'un reversement de 17 millions de dollars à un officiel taïwanais. Le magistrat veut convaincre Gergorin de témoigner. Trois rendez-vous ont lieu entre le 15 et le 28 avril 2004. Selon l'avocat, le premier se déroule en pleine nuit, vers 3 heures du matin ­ un horaire que «RVR» a démenti. Une preuve, sûrement, que Gergorin vit dans un «climat de menaces de mort».

Fallait