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Libération

Un sans-papiers laissé à la porte de Saint-Bernard

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publié le 31 mai 2006 à 21h24

Il y a dix ans, étendu sur un matelas près de la Vierge Marie, dans l'église Saint- Bernard à Paris, Moussa Sissoko, 32 ans, en grève de la faim pour ses papiers, avait perdu 16 kg. Lundi, devant le tribunal administratif de Cergy-Pontoise (Val-d'Oise), Moussa Sissoko, 42 ans, demandait toujours ses papiers. Ou plutôt, il demandait au juge d'annuler l'arrêté de reconduite à la frontière qui le frappe depuis juillet 2005. A lui seul, le Malien Moussa Sissoko résume une décennie d'épopées de l'immigration.

En août 1996, Saint-Bernard est devenue l'église des sans-papiers, occupée depuis deux mois par quelque 300 étrangers et d'innombrables soutiens qui se relayent auprès d'eux. Le curé de la paroisse, Henri Coindé, donne à leur intention messes et prières. La nuit, Français et étrangers ronflent côte à côte dans des sacs de couchage. Dans la sacristie dorment souvent Ariane Mnouchkine, Marina Vlady, Léon Schwartzenberg, Emmanuelle Béart, Alain Krivine... Le jour, des centaines de personnes protègent le lieu de leur présence. Au petit café du coin, militants des droits de l'homme, syndicalistes, copains, avocats, célébrités et clandestins discutent des heures durant. Stratégies et tracts. Manifestations et comités de soutien.

«Humanité». Depuis quelques mois s'est formé le «collège des médiateurs». Des personnalités indiscutables, philosophes, professeurs de droit, anciens résistants... qui tentent d'obtenir des régularisations. A leur tête, Stéphane Hessel, 80 ans, ambassadeur d