Qui est réellement Bernadette ? On sait que cette femme de 46 ans, cultivée, est chef du service éducatif d'une association d'aide aux jeunes en difficulté du Val-de-Marne, qu'elle est mère d'un garçon aujourd'hui âgé de 18 ans. On sait aussi que, le soir du 16 mars 2003, elle a tué son amant, Luc, 27 ans, qui était également l'un des éducateurs qu'elle dirigeait, avant de le découper en morceaux, pour l'enterrer (Libération du 29 mai). Pas de mystère, de ce point de vue, pour les jurés de la cour d'assises de Créteil qui, durant trois jours, ont jugé Bernadette. Mais la question fondamentale, dans ce procès, était de discerner qui est Bernadette.
Est-elle cette femme fragile, dont l'enfance martyrisée remonte comme un flash et la transforme en meurtrière ? Est-elle au contraire une froide manipulatrice, formidable organisatrice de la disparition de l'homme jeune qui veut la quitter parce qu'une jeune femme, ailleurs, attend de lui un enfant ? A-t-elle commis un meurtre sous l'emprise de la passion et de la douleur, ou un assassinat, minutieusement prémédité ? Plus prosaïquement : encourt-elle vingt ans, ou la perpétuité ?
Roulette russe. Son père, ancien soldat engagé en Indochine, est alcoolique et violent, «un bourreau malheureux», dira l'expert psychiatre. A Bernadette et à ses deux soeurs, Pierrette et Annette, alors trois toutes petites filles, il raconte que «dans les rizières», il éventrait les femmes enceintes et mangeait assis sur leur corps. Il frappe, il menace «en