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Libération

Un crime «qui meurt doucement sous la pile»

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publié le 3 juillet 2006 à 21h50

C'est le genre de crime qu'un policier pense honnêtement pouvoir résoudre en une semaine. Patrice Baud était un neurologue de renom, qui vivait avec sa femme et ses cinq enfants dans un charmant village en forêt de Fontainebleau. Vers 23 h 30, alors qu'il sortait de son cabinet, rue Hedelin à Nemours (Seine-et-Marne), il a été tué à coups de fusil de chasse.

Tout de suite, deux témoins se présentent à la police. C'est un bon début. Il y a d'abord ce garçon, qui sort de chez sa fiancée après le match à la télé. La rue Hedelin est déserte cette nuit-là, comme toujours. Le garçon est attiré par l'éclat argenté d'un DVD dans une poubelle. Il s'approche quand soudain, dans l'ombre d'un porche, il aperçoit un homme. Celui là ne semble pas le voir. Ses yeux sont rivés sur une fenêtre, la seule éclairée, celle du docteur Baud. Le garçon recule : il racontera que l'homme dégageait une telle violence qu'il prend peur. Le garçon n'a pas fait deux cents mètres qu'il entend un coup de feu, un cri, puis une deuxième détonation.

Sans se cacher. Plus haut dans la rue, une mère de famille et son fils ont entendu les tirs. Ils sont à l'étage. Elle, sur le lit à fumer ; lui, devant l'Internet. Ils se précipitent à la cuisine dont la fenêtre donne sur la rue. Le fils veut sortir, la mère lui interdit. A ce moment-là, de l'autre côté de la vitre, entre les rideaux retroussés et les pots de fleurs, apparaît l'homme, un fusil sous le bras. Il marche sans se cacher, avec l'allure paisible de celui q