Salon-de-Provence envoyé spécial
Il devait être 23 heures environ. La nuit était tombée et Nils Boissière, employé saisonnier à la vigie de Sainte-Croix, sur les hauteurs de Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), n'était plus de garde depuis deux heures. Il a eu envie d'une cigarette. Pour ne pas enfumer tout le monde, il est allé la griller à l'étage, dans sa tour de contrôle. Vue panoramique à 360°. Quelque chose avait changé dans le paysage. «J'ai vu un début de lueur, raconte-t-il, quelque chose d'inhabituel.» Il ferme les yeux une fois, deux fois, trois fois, les rouvre. La lueur est toujours là. Il comprend, respire un grand coup et prend sa radio pour passer l'alerte à la vigie principale. «Vous êtes au courant pour un départ de feu près de l'A7 ?» Ils ne le sont pas.
«Très fort». C'était jeudi soir. Cette nuit-là, le feu est passé sur 35 hectares de garrigues. Deux cents pompiers ont dû s'y mettre. «C'est parti très fort», raconte Nils Boissière. Soleil et mistral : les conditions étaient idéales pour embraser les massifs en un rien de temps et faire courir le feu à 2 km/h au minimum. Vu l'heure et le point de départ, les pompiers de Salon privilégient un acte de malveillance.
Le département des Bouches-du-Rhône est classé depuis jeudi et au moins jusqu'à aujourd'huien risque exceptionnel. Les trente vigies, ces nids d'aigle où officient des personnels capables de déceler une fumerolle à des kilomètres à la ronde, de la localiser avec précisi