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Libération

«Renvoyez-moi chez moi, s'il vous plaît !»

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publié le 14 août 2006 à 22h56

Tribunal correctionnel de Paris

Depuis le box, Kamel, 30 ans, égyptien, fait des mimiques désolées à une belle brune. Elle a porté plainte contre lui pour un coup de poing. Le président raconte : «Vous avez nié ce coup et affirmé que votre concubine consomme beaucoup d'alcool et de shit. Mais elle maintient que, voulant l'empêcher de téléphoner à ses parents, vous l'avez frappée. Vous confirmez mademoiselle ?» La fille a la voix claire : «Tout à fait, monsieur !» L'interprète dit : «Il ne conteste pas vraiment, mais c'est elle qui a commencé !» La brune acquiesce : «Je l'ai peut-être griffé en lui arrachant le téléphone, mais c'était involontaire. Lui, il a vraiment voulu me taper !» Kamel, en France depuis six ans, n'a pas de papiers et travaille au noir dans le bâtiment. Le couple, marié religieusement, vit ensemble depuis huit mois. «Mademoiselle, demande le juge, vous avez déclaré que les violences ont commencé dès le début de votre vie commune. Admettons qu'il sorte, vous reprendriez votre histoire ?» Elle sourit : «Absolument ! Je lui pardonne, on a même prévu de se marier civilement, mais je ne regrette pas ma plainte !» La procureure explique : «Mademoiselle parle de violences répétées, cependant ils veulent se marier, il pourrait être régularisé, alors je vous demande une mise à l'épreuve !» L'avocat est rigolo : «C'est marrant ­ passez-moi l'expression ­, il m'a dit attendre ses dix ans en France pour être r