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Libération

«Et demain vous allez attaquer une banque ?»

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publié le 21 août 2006 à 23h00

Tribunal correctionnel de Paris

L'avocat de permanence «victimes» s'approche de la procureure : «Bonjour madame la procureure, je suis dans le dossier suivant, mais je n'ai pas encore vu la procédure !»«Attendez, répond la procureure, je suis en train de la lire !» Voilà donc Abdel, 22 ans, en maillot de foot rayé : «Il était 4 heures du matin, vous étiez cinq, lit le président, l'un de vous a demandé une cigarette à un couple qui, n'en ayant pas, s'est fait copieusement insulter. Ensuite, revenant sur vos pas, vous avez arraché le sac de la femme !» Abdel bafouille : «Je marchais, j'ai pris le sac...» «Mais pourquoi ?» s'étonne le juge. «J'ai besoin d'argent !» dit Abdel et le juge grommelle : «Et demain vous allez attaquer une banque ?» Jamais condamné, Abdel vit chez la mère de sa femme avec leur bébé et six beaux-frères. «C'est sûr, ce n'est pas commode, reconnaît le juge, mais vous pouvez bien trouver un emploi !» Abdel défaille : «Je vais en trouver ! Je regrette ! C'est la première fois !» L'avocat des victimes raconte : «J'ai eu ma cliente au téléphone, elle est très commotionnée ! Je vous demande de surseoir à statuer sur ses dommages et intérêts.» Le président fronce les sourcils : «Maître, vous demandez donc une expertise ? Alors il faut renvoyer toute l'affaire et vous devez mettre en cause la caisse d'assurance maladie !» L'avocat est désarçonné ­ «euh....» ­ et le j