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Libération

Roubaix miné par son insalubrité

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Les marchands de sommeil profitent des carences de la ville en logements sociaux.
publié le 7 septembre 2006 à 23h12

Ici, la loi n'a plus sa place. Cécilia et Karim, 20 ans, vivent dans une chambre minuscule, pour 200 euros par mois. «Quand on a fait visiter à ma mère, on en avait des fous rires, de honte.» L'entrée est un garage sombre et sale. Cécilia fait la visite. «Alors ici, c'est chez ma voisine handicapée.» Elle montre un box, d'où sort une odeur d'urine de chat. Pas de fenêtre, illégal. Du moisi partout dans la salle de bains. Les tuyaux à nu, la baignoire branlante. Pas de pomme de douche, juste un tuyau. «On a l'eau chaude que deux jours par semaine, à cause de la fuite, il ne veut pas la réparer.» La fuite : une gigantesque flaque au milieu de la salle de bains. «On remet l'eau chaude en douce, mais il peut débarquer à tout moment, et les gens ont peur de lui.» Un matin, il a débarqué dans la cuisine ­ située de l'autre côté du garage, au bout d'un dédale de couloirs et d'escaliers, dans le noir absolu ­ et il a pris les plaques chauffantes. Si un locataire ne paie pas, il frappe, entre chez lui et se sert : et hop, le magnétoscope. Chez Nathalie, 30 ans, mère seule avec cinq enfants, il pleut dans la cuisine. Et la fenêtre de la chambre du haut ne ferme pas. «On dort à six dans la même chambre, l'hiver, il fait trop froid.» Deux marches de l'escalier menacent également de céder.

Misère. Bienvenue à Roubaix. Ici, ça a brûlé le 20 août, six morts. «C'est injuste», soupire-t-on à la mairie, «mais ce n'est pas un hasard». Roubaix ce