Xavier Niel est un modèle de prévenu. Le tribunal correctionnel reproche au patron de Free, fournisseur d'accès à l'Internet, d'avoir perçu les dividendes de plusieurs sex-shops dont il est actionnaire sous forme d'enveloppes en liquide. Bon élève prêt à encaisser une réprimande méritée, il récite : «Je savais que ces paiements en espèces provenaient d'un recel d'abus de biens sociaux.» Niel risque théoriquement jusqu'à cinq ans de prison, mais mise sur une peine symbolique avec sursis.
Tout glisse sur lui, comme ses précédentes condamnations à de simples amendes pour publicité mensongère, outrage aux bonnes moeurs et entrave au fonctionnement d'un système informatique. Le tribunal, spécialisé dans les affaires financières, n'est guère curieux de comprendre pourquoi le petit prince des nouvelles technologies mène une «vie économique» parallèle dans l'industrie du sexe. A l'entendre, ce serait un simple reliquat de l'époque où il prospérait comme tant d'autres médias dans le minitel rose. En fait, Niel a persévéré bien après, jusqu'en 2003 et jusqu'à une descente de police. Le gestionnaire de son peep-show strasbourgeois le lui rappelle : son retrait du milieu serait plus lié à l'écho médiatique qu'à des considérations morales.
Fernand Develter (64 ans), partenaire historique de Xavier Niel (39 ans) dans le X et dans l'Internet, a moins de pudeur. Furieux d'être le seul poursuivi pour proxénétisme alors que son cadet a obtenu un non-lieu sur ce point, il c