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Libération
Interview

«La prison et la folie, les deux voies de ma vie»

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Jacques Lesage de La Haye, ex-taulard devenu psychologue, retrace son parcours:
publié le 18 septembre 2006 à 23h20
(mis à jour le 18 septembre 2006 à 23h20)

C’était, à la fin des années 50, une petite bande de très jeunes braqueurs. Parmi eux, Jacques Lesage de La Haye et son frère, Jean-Paul, enfants de la noblesse bretonne par leur père, normande par leur mère. Jean-Paul est mort fou en 1991. Jacques, 68 ans aujourd’hui, est sorti de la maison centrale de Caen en octobre 1968 et son nom, dans les prisons, est un peu mythique.

Libertaire, il vogue entre les combats du Groupe information prisons (GIP) et ceux du Comité d'action des prisonniers (CAP) dans les années 70 ; parallèlement, il lutte dans le mouvement de l'antipsychiatrie pour la fermeture des asiles et publie de nombreux livres dont son célèbre la Guillotine du sexe. De 1972 à 2003, il est chargé de cours de psychologie à Paris-VIII. Aujourd'hui, il est formateur à l'Ecole des parents et des éducateurs et anime sur Radio Libertaire une émission pour les prisonniers, Ras-les-murs. A l'occasion de son dernier ouvrage la Mort de l'asile (1), il revient sur sa vie.

Comment avez-vous atterri en prison ?

A 15 ans, j'étais un révolté contre mon milieu, tellement conservateur et élitiste. J'ai tout jeté et j'ai cherché les prolos et le communisme. Malheureusement, je m'y suis mal pris, j'ai traîné dans les bars. A 17 ans, toujours aussi naïf, j'ai voulu aller en URSS, je me suis engagé comme élève officier non diplômé ­ mon père était marin ­ mais je n'ai connu que la Roumanie et ai décidé que je n'étais pas communiste mais anarchiste. J'avais 17 ans