Aux portes du tribunal de Bobigny, plusieurs centaines de représentants de toutes les professions judiciaires et des élus locaux ont manifesté, vendredi, leur ras-le-bol d'être utilisés comme munitions d'un ministre de l'Intérieur en campagne pour la présidentielle. «Deux CRS sont attaqués dans l'Essonne et le ministre de l'Intérieur vient s'en indigner en Seine-Saint-Denis !» s'insurge Hervé Bramy, le président du conseil général (PC).
Les orateurs successifs de cette mobilisation initiée par le Syndicat de la magistrature (SM, gauche) s'étonnent de voir un ministre dénigrer les institutions de la république et bafouer le principe de la séparation des pouvoirs, dans le silence général. Le ministre de la Justice est resté muet, tandis que le président de la République assurait le service minimum en rappelant quelques évidences, déplorent-ils, quelle que soit leur casquette ou écharpe (maires, travailleurs sociaux, médecins de la protection infantile, avocats, magistrats...).
«Ecran de fumée». «Le 20 septembre, Nicolas Sarkozy a évoqué la baisse du nombre d'écrous dans ce département comme le signe tangible de la démission des magistrats», rappelle Côme Jacqmin, secrétaire général du SM. «Il voudrait aujourd'hui nous faire croire qu'il s'agit du libre exercice de la critique envers un service public», alors qu'il ne s'agit que d'un «écran de fumée» destiné à masquer l'échec patent de sa politique, poursuit-il.
«Ces déclarations ne sont pas isolées