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Libération

SDF : l'extrême précarité comme héritage familial

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publié le 26 octobre 2006 à 23h50

Les personnes ayant connu des événements douloureux dans leur jeunesse ont une probabilité plus importante que les autres de devenir SDF. Une étude publiée aujourd'hui par l'Institut national de la statistique et des études (Insee) le démontre (1). Un lien entre héritage familial et extrême précarité pouvait intuitivement être soupçonné. «Mais ce qui nous a surpris, c'est [son] ampleur», souligne Jean-Marie Firdion, chargé de recherche à l'Institut national d'études démographiques (Ined), qui a participé à l'enquête de l'Insee. La «surprise» pour les enquêteurs, a été la surreprésentation, parmi les sans domicile fixe, de personnes ayant été placées en famille d'accueil ou dans des foyers pendant leur enfance. L'étude a porté sur un échantillon représentatif de 3 027 SDF (1 940 hommes, 1 087 femmes). Parmi eux, 23 % sont passés par la case placement. Un chiffre énorme, comparé à la population française au sein de laquelle seulement 1 à 2 % des personnes ont été placées. L'impact des traumas juvéniles, «qui altèrent l'estime de soi et affectent les ressources mobilisables» à l'âge adulte, s'observe aussi aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou au Canada. Quels que soient les pays, ou les législations en matière de protection de l'enfance, «le placement durant la jeunesse se trouve associé à des difficultés sociales à l'âge adulte. Il y a une intrication du psychologique et du social».

Imbrication. Mais les auteurs de l'enquête affirment qu'il est impossible