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Forfaitiser les médecins

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Ce nouveau système de rétribution, supprimant le paiement à l'acte, éviterait la surprescription médicamenteuse et enrayerait le déficit croissant de la Sécurité sociale.
par Eric FAVEREAU
publié le 6 novembre 2006 à 7h00

Réformer le paiement à l'acte en médecine de ville? «Nous avons perdu vingt ans, mais nous n'avions pas les moyens de gagner ce combat idéologique", lâche Claude Pigement, délégué national au PS sur les questions de santé. Aujourd'hui encore, il n'y a toujours pas un mot dans les différentes contributions socialistes sur la problématique du paiement à l'acte, pourtant essentielle car elle structure toute la médecine de ville.

Le paiement à l'acte est un mot un rien barbare, mais il est lourd de symboles. Il renvoie à l'image d'Epinal de la médecine : un médecin et un malade et, entre les deux, rien d'autre qu'un entretien singulier, le paiement à l'acte symbolisant la liberté des deux. Il est, en quelque sorte, le négatif de toute médecine salariée. Or les symboles ont un coût.

«Les revenus des professions de santé,

analyse l'économiste de la santé Béatrice Majnoni d'Intignano

, façonnent les comportements et les systèmes de santé à long terme. Le paiement à l'acte génère une médecine spécialisée, orientée vers les soins plutôt que la prévention, et favorise les spécialistes. Enfin, il est inflationniste, car il pousse à multiplier les volumes : consultations, actes techniques et prescriptions.»
«La pire des situations»

. C'est ce qui se passe en France : le coût global de la médecine de ville n'en finit pas d'augmenter, sans pour autant que le patient y gagne. Plus paradoxal, même les médecins généralistes y perdent. Quand on regarde les revenus des médecins dits de première ligne, que ce soit aux Etats-Unis, au Danemark, voire en Angleterre, ce sont les bons vieux médecins de famille français qui gagnent... le moins.

«On arrive donc à la pire des situations»

, détaille Jean de Kervasdoué, professeur au Conservatoire national des arts et métiers, proche du PS.

«Voilà un système inflationniste, qui plus est un système injuste qui ne rétribue même plus correctement ses médecins de base.»

Que faire ? Schématiquement, il y a trois manières de rétribuer les médecins de ville. Soit à l'acte (comme en France), soit