Comme des dizaines d'autres employés musulmans de Roissy, Abdelamid Kalai a été interrogé par la police de l'air et des frontières. «Une question m'a choqué. C'était : est-ce que vous aimez la France ? Je suis français à part entière. Ma femme, mes trois enfants, sont français.» Son badge qui lui donnait accès à la zone sécurisée de l'aéroport lui a été retiré ainsi qu'à 71 autres salariés, bagagistes, agents de sécurité, manutentionnaires. Mesure qui équivaut à une interdiction de travail. «C'est pire que le licenciement, ça veut dire que je viens d'un autre monde», s'est-il écrié, hier, au cours d'une conférence de presse de la CFDT.
Pour le sous-préfet de Roissy, Jacques Lebrot, les «72 employés ont fait l'objet d'un retrait de badge» parce qu'ils «sont liés à des mouvances fondamentalistes à visée potentiellement terroriste». Convoqués à un entretien, ils ont dû dire s'ils étaient allés au Pakistan, au Yémen, en Egypte ou en Afghanistan ; s'ils mangeaient halal, s'ils respectaient le ramadan, ou si leur épouse portait le voile. «On a même demandé à quelqu'un s'il lui arrivait de faire la bise à ses collègues», raconte Philippe Decrulle, de la CFDT d'Air France.
Depuis le début de la semaine, les syndicats se mobilisent en leur faveur, estimant qu'ils ont été victimes de discrimination religieuse. Réunis hier en intersyndicale, ils ont débattu de la possibilité d'un «arrêt total du travail» sur la plateforme de Roissy. Des ac