Montpellier correspondance
Contre le «fichage ADN», le front du refus s'organise. Ils sont faucheurs volontaires, manifestants anti-CPE du printemps dernier, déboulonneurs de publicité pris en flagrant délit, ou simples citoyens placés en garde à vue puis relâchés sans qu'aucune poursuite ne soit engagée contre eux. Tous risquent un an de prison ferme et 15 000 euros d'amende. Leur délit ? Avoir refusé qu'un représentant de l'ordre leur badigeonne les gencives avec un bâtonnet destiné à recueillir leur empreinte génétique.
Pipe à eau. Camille a été convoquée, mi-septembre, par les gendarmes parce qu'ils avaient trouvé, dans la voiture où elle se tenait, une pipe à eau, pourtant sans trace de drogue. Quand ils cherchent à prélever son ADN, elle s'y oppose : «Ils ont appelé le procureur, puis m'ont donné ma convocation pour le tribunal, le 13 décembre à Macon.» En sortant de la gendarmerie, elle, qui ne fait l'objet d'aucune autre poursuite, se dit : «Je me suis mise dans la merde.» Elle a voulu s'informer sur l'Internet, et découvre ainsi «qu'il se passe quelque chose» autour des opposants au fichage génétique.
Un front du refus s'est constitué cet été, sous l'impulsion de Benjamin Deceuninck, ex-faucheur d'OGM de 26 ans, convoqué le 25 août devant le tribunal correctionnel d'Alès pour avoir dit non, lui aussi, au bâtonnet dans la bouche (Libération du 26 août). Près de deux cents personnes étaient venues le soutenir. La procureure a requis 500 euros