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Procès du Patriarche : les millions du «panier percé»

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Sur le banc des accusés, Jean-Paul Séguéla, ex-député RPR, a tenté d'expliquer pourquoi il avait accepté 5 millions de francs de prêts gratuits.
publié le 13 novembre 2006 à 0h04

Villefranche-de-Lauragais envoyé spécial

L'ex-député RPR de Haute-Garonne et ex-conseiller du ministre de l'Intérieur Charles Pasqua pour les affaires de toxicomanie écoute, avec application, le juge Thomas Lemonnyer lui lire ce que le code pénal dit du trafic d'influence : «Je n'avais jamais pensé à cela, monsieur le président.» Au cinquième jour d'un procès du Patriarche, qui reprend aujourd'hui devant le tribunal correctionnel de Villefranche-de-Laugarais (Libération du 8 novembre), la cravate du docteur Jean-Paul Séguéla est toujours aussi bien mise. Décidément «non», l'ex-élu, qui a reçu 5 millions de francs de prêts gratuits, 518 000 francs de dons en espèces, une carte bancaire à l'oeil et des billets d'avions pour amener sa famille de par le monde, n'a pas le sentiment d'être devenu «l'obligé» du patron du centre de désintoxication, Lucien Engelmajer.

«Fascinant». Le tutoiement s'est vite imposé. «Lucien Engelmajer et moi étions devenus amis, monsieur le président.» Jean-Paul Séguéla décrit le Patriarche comme «un homme bien habillé et fascinant». Ce Patriarche est venu, en 1994, «dîner à la maison à bord d'une Bentley blanche conduite par un chauffeur», poursuit-il. C'était au moment où le conseiller du ministre Charles Pasqua avait un découvert bancaire de 430 000 francs. Lucien Engelmajer lui a prêté un million entre la poire et le fromage. Si Jean-Paul Séguéla a accepté, un an plus tard, un nouveau prêt de 3,4 milli