Menu
Libération
Interview

«L'être humain a droit à la folie et à l'ivresse, mais jusqu'où le laisser prendre des risques ?»

Article réservé aux abonnés
publié le 16 novembre 2006 à 0h06

Michel Reynaud, psychiatre et spécialiste des addictions à l'hôpital Paul-Brousse (Villejuif), est l'un des cinq rapporteurs mandatés pour réfléchir sur le plan Addictions 2007-2011. Il explique pourquoi certains produits sont addictifs et la difficulté de concevoir des messages de prévention.

Comment chiffre-t-on le nombre de personnes dépendantes dans un pays ?

L'Office français des drogues et des toxicomanies dispose d'outils d'enquête très performants. Ce sont à la fois ces questionnaires systématiques, remplis par les jeunes lors de la Journée d'appel de préparation à la défense, et les enquêtes santé faites dans la population. Cela nous permet d'en extrapoler l'état des consommations et des dépendances. Mais pour les addictions comportementales nous ne disposons pas d'outils d'évaluation. Il est très compliqué de définir la limite entre un comportement normal, excessif ou pathologique.

A partir de quand peut-on considérer qu'une consommation ou un comportement sont devenus pathologiques ?

Cela devient pathologique lorsque cela devient plus nocif que source de plaisir, lorsque notre comportement nous met en difficulté et que l'on continue quand même. Le patient dépendant du jeu, par exemple, s'endette, emprunte en sachant qu'il ne pourra pas rembourser. C'est pareil pour ceux accrocs au sport ou au sexe. Cela devient pour eux l'objet unique de plaisir. Lorsqu'on est follement amoureux, cela envahit notre esprit, on est capable de tout faire. A l'inverse quand votre amour vo