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Libération

Sans-papiers malgré un passé d'«indigènes»

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Grâce au film de Bouchareb, nombre de clandestins redécouvrent l'engagement de leur ascendance dans l'armée française.
publié le 23 novembre 2006 à 0h12
(mis à jour le 23 novembre 2006 à 0h12)

Le sort des indigènes, ces soldats de l'ex-empire engagés dans l'armée française durant la Seconde Guerre mondiale, et auxquels le metteur en scène Rachid Bouchareb vient de consacrer le film du même nom, avait bouleversé Bernadette Chirac. Celui de leurs descendants peut-il la laisser indifférente ? Samedi, lors d'un rassemblement organisé à Paris par le Réseau Education sans frontières (RESF), plusieurs sans-papiers se sont en tout cas rappelés au bon souvenir de l'Etat français. Invités à raconter leur quotidien de clandestins, ils ont fait spontanément allusion au film, se présentant comme des descendants d'indigènes. Pour eux aussi, le long métrage de Rachid Bouchareb a été une sorte de révélation, la redécouverte d'un passé souvent occulté.

«Phalanges coupées». «Ma mère était illettrée, elle a été veuve à 35 ans, c'est maintenant qu'elle nous sort tous ses papiers», raconte Nadjah Khodri. Sans-papiers, mère de deux enfants scolarisés, ce qui aurait dû lui permettre d'être régularisée en vertu de la circulaire Sarkozy du 13 juin 2006, Nadjah Khodri a été arrêtée en octobre, placée en centre de rétention, et heureusement libérée grâce à la mobilisation de RESF notamment (Libération du 10 octobre). Mais elle est toujours sans papiers. Du côté maternel comme paternel, sa famille a défendu la France. Son grand-père maternel, Bousseta Khodri, a fait la guerre de 14-18. Son père, le sergent chef Saïd Khodri (les deux branches sont cousines ce