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Libération
TRIBUNE

Pour une révolution civique

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Face aux tendances nocives de repli sur soi, la France a besoin d'un renouveau du respect collectif.
par Jean-Philippe Moinet
publié le 28 novembre 2006 à 0h15

Sans que cela n'apparaisse à la surface du débat politique, une question fondamentale, la question «civique», nous est posée à tous, quels que soient notre sensibilité, origine ou secteur d'activité. Dans un monde ouvert à tous types d'influences ­ anciennes et nouvelles, bonnes et mauvaises ­ tout ce qui peut nous unir autour de valeurs essentielles est d'une grande modernité. Qu'est-ce qui peut produire de l'unité et du respect (des règles, des autres) dans une société où l'individualité et la diversité sont, à juste titre, promues? Qu'est-ce qui peut participer à la conscience collective, alors que la volonté individuelle ou les appartenances communautaires sont, pas toujours à mauvais escient, jugés prioritaires?

Il y a bien une certaine idée de l'intérêt général... Idée vague, sans cesse soumise au débat et au jeu du renouvellement démocratique. Mais les élections sont comme des essoreuses. Elles permettent de tambouriner. Avec fracas parfois, comme en 2002, après le «choc Le Pen». Puis, il y a les retombées, postélectorales et dépressives, ces basses eaux de la vie publique où la notion d'intérêt général perd son souffle, sa perspective.

La fameuse crise du politique perdure ainsi à travers les cycles électoraux, où la protestation et le désarroi finissent par l'emporter sur l'adhésion et la conviction. Le «Non» massif du référendum de 2005 sur le traité européen a reflété ce grand malaise national, qui dure. Cette crise, perte de repères et perte de confiance entremêlée