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Libération

«Ici, les élèves font n'importe quoi»

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Près de Lyon, grève des enseignants du collège Alain, classé «Ambition réussite».
publié le 9 décembre 2006 à 0h26

Saint-Fons (Rhône) envoyée spéciale

Ils parlent d'une certaine Estelle. Celle qui avait «17,3 de moyenne». Elle a quitté le collège Alain à Saint-Fons, dans la banlieue est lyonnaise, pour partir en seconde dans le centre de Lyon. Au lycée Juliette-Récamier, où, paraît-il, «elle fait du japonais». Un établissement de niveau moyen, mais un eldorado intouchable pour ces collégiens. «A Alain», moins de deux élèves sur dix iront en classe de seconde. «On est chez les pauvres ici, on fait plutôt BEP coiffure ou esthétique après la troisième», explique une jeune fille. «Tout le monde nous prend pour des sous-merdes, même les profs. C'est pour ça qu'on les traite aussi comme des sous-merdes», ajoute un de ses copains.

«Territoire». Mercredi, la quasi-totalité des profs de cet établissement de 750 élèves était en grève. Gros ras-le-bol. Ils ont compté trois cents «rapports d'incidents» depuis le début de l'année scolaire. Ils sont jeunes, pour beaucoup en premier poste, et avouent ne pas savoir comment gérer. Mercredi, devant le collège, la tension était palpable entre profs et élèves. Les collégiens sont agités. Les enseignants, nerveux. Le trottoir, tout autour du collège, est moucheté de petites tâches : des crachats, par centaines. Un groupe d'élèves de troisième explique qu'ici, «on crache aussi dans les couloirs». «Y en a même qui pissent», rigole un autre.

Tous savent pourquoi leurs enseignants sont en grève. «A cause du manque de respect e