Avant de disparaître, Taoufik el-Amri est bien monté dans une voiture de police. Ses deux amis assuraient avoir assisté à son interpellation dans la nuit du 22 au 23 novembre. Il n'a plus donné signe de vie depuis. La police disait depuis n'avoir aucune trace de ce contrôle qui n'a pas été signalé à la radio, ni fait l'objet d'une main courante. Ce n'est qu'après l'ouverture d'une information judiciaire qu'un équipage de la CDI (compagnie départementale d'intervention) a reconnu jeudi avoir embarqué cet ouvrier de 33 ans. Les trois agents affirment l'avoir relâché 500 mètres plus loin.
Marié, père d'une petite fille de trois mois, Taoufik el-Amri habite près d'Alençon (Orne) et travaille dans le bâtiment comme ferrailleur. Le 22 novembre, le chantier qu'il devait commencer à Cholet (Maine-et-Loire) est fermé pour cause «d'intempéries». Il en profite pour faire une virée «en ville» avec ses amis Jouhaider et Mansour. «On se connaît depuis le bled en Tunisie. On est comme des frères, raconte Jouhaider. On a bu un petit peu.» Taoufik beaucoup plus. Il titube sur le cours des Cinquante-Otages, une artère de Nantes. «Il est rentré carrément sur la route. Il était complètement bourré. Les policiers sont venus direct sur lui. Ils ont dit : on l'emmène. J'ai insisté pour qu'on le relâche. Ils m'ont dit : soit vous vous calmez, soit on vous embarque aussi.» Taoufik «a donné ses papiers. Il n'a rien dit. Il était fatigué. Il n'arrivait pas à bouger