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Libération

«La prison est cause de maladie et de mort»

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publié le 9 décembre 2006 à 0h26

Les mots ne sont pas choisis au hasard : «Il est insupportable qu'un détenu qui serait âgé de 40 ans et souffrirait en pleine nuit d'une douleur thoracique n'ait pas accès à une équipe médicale. Et qu'il meure alors d'un infarctus.» Ou encore, à propos de menottages pendant les consultations médicales avec un détenu : «Ces pratiques constituent incontestablement une humiliation et un traitement inhumain et dégradant.» Et aussi : «La prison est cause de maladie et de mort ; c'est un lieu de régression, de désespoir, de violences exercées sur soi-même et de suicide.» Pour ceux qui en douteraient encore, ces chiffres : «Il y a, en prison, un taux de suicide sept fois plus important que dans la population générale. La moitié des suicides concerne des prévenus, présumés innocents. La deuxième cause de suicide est la prise de mesures d'isolement.» Ce constat, enfin, plus général : «Ce ne sont pas les lois qui sont en cause. Il y a un arsenal législatif tout à fait digne. Ce qui pose problème, c'est la contradiction flagrante avec ce qui se passe dans la réalité. Que penser d'un pays qui fait des lois, mais qui ne les applique pas ?»

Enième rapport. En rendant public, vendredi, un très long avis sur «la santé et la médecine en prison», le président du Comité consultatif national d'éthique, le professeur Didier Sicard, a souhaité être offensif : «Nous avons voulu ne laisser que peu d'échappatoires à ceux qui le lisent.» Un vrai défi c