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Libération
Interview

«Apporter des preuves avant de stigmatiser»

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publié le 20 décembre 2006 à 0h34

Raphaël Liogier, sociologue, professeur à l'IEP d'Aix-en-Provence, directeur de l'Observatoire du religieux et auteur d'Une laïcité «légitime», la France et ses religions d'Etat. Selon lui, les méthodes utilisées pour lutter contre les dérives sectaires en France sont «arbitraires» et inefficaces.

Les auteurs du rapport parlementaires s'inquiètent du sort des enfants dont les parents appartiennent à un mouvement considéré comme secte. Qu'en pensez-vous ?

Il n'y a pas de secte qui soit a priori dangereuse en France. Toutes les études sociologiques ont prouvé qu'il n'y a pas plus de dérives dans ces groupes-là que dans d'autres groupes qui ne sont pas religieux. Et les parlementaires ou la mission interministérielle n'ont mené aucune enquête sérieuse pour démontrer le contraire. S'ils recensent 40 000 enfants parmi les témoins de Jéhovah, ils en concluent que 40 000 enfants sont en danger. Or, s'il y avait un vrai problème, on observerait des cas de maltraitance, de sous-éducation, etc. On aurait des remontées via les assistantes sociales ou l'Education nationale. Je ne dis pas que cela ne peut pas arriver, mais, quand ils existent, ce sont des cas particuliers qui n'ont rien à voir avec le fonctionnement général de la secte.

Dans ce cas, pourquoi lancer une mission pour étudier l'influence des sectes sur les mineurs ?

Parce que les sectes représentent le bouc émissaire idéal. On les imagine tentaculaires, incontrôlables. Après avoir tenté sans succès de les coincer