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Libération

Une poignée de main pas si complice

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Les prud'hommes sont revenus sur le licenciement d'un employé à la prison de Moulins.
publié le 25 décembre 2006 à 0h38

Moulins correspondance

Est-ce une «faute grave» que de dire bonjour à des détenus ? Les prud'hommes avaient validé, il y a un an, le licenciement de Nourdine, un électromécanicien viré en 2002 par sa société sous-traitante à l'entretien de la centrale de Moulins, parce qu'il avait serré la main à des copains incarcérés. La première instance judiciaire du travail avait requalifié en «cause réelle et sérieuse» de licenciement l'argumentaire de son employeur qui s'était plié à une suggestion écrite du patron de la prison : «Il a été surpris, à plusieurs reprises, en train de serrer la main de certains détenus qu'il semblait connaître. Cette familiarité constitue un agissement incompatible avec nos règlements très stricts en la matière et pourrait être de nature à semer un doute légitime auprès des personnels de surveillance. Il ne me paraît pas superflu de vous demander de bien vouloir envisager le remplacement de cet employé.» Sitôt dit, sitôt fait.

Reclassé. Les prud'hommes lui ont certes concédé que, en l'absence de «faute grave», il aurait dû être reclassé ailleurs. Mais, sur le fond, ils l'avaient laissé à la porte : «Le courrier de l'administration pénitentiaire laissant expressément apparaître une rupture de confiance envers l'intervenant [...] il avait nécessairement conscience que le fait de serrer la main de détenus à plusieurs reprises n'était nullement anodin dans un centre pénitentiaire, créant une proximité répréhensible.»

Des argum