Tribunal de police de Paris
Le restaurant s'appelle le Sénateur. Il n'a rien à voir avec le Sénat, remarque la présidente, en feuilletant l'épais dossier judiciaire que traîne l'établissement derrière lui. Cette fois, la police a été appelée à 2 h 30, pour tapage nocturne. Quatorze contraventions ont été dressées. Six sont arrivées jusqu'au tribunal de police. «Et les autres ? Pourquoi n'ont-elles pas été retenues ? demande la présidente qui regarde le procureur de travers, semblant le suspecter d'indulgence. Heures d'ouverture pas normales, dégagements obstrués, alcool servi sans nourriture, le dossier est rempli, rempli... Et puis, le vacarme y est permanent, insupportable. Le prévenu n'est pas là, on ne peut compter que sur vous pour nous raconter, mademoiselle», achève la juge de proximité en faisant venir une jeune fille à la barre.
«J'habite dans l'immeuble depuis 2005, commence-t-elle, tous les jours j'entends de la musique, des cris, des altercations, des bruits de vaisselle. Ça commence vers minuit, ça dure jusqu'à 2 heures, 3 heures du matin. J'ai appelé plusieurs fois la police. En décembre 2005, j'ai été contrainte de quitter mon appartement tellement il y avait de vacarme.» Une fermeture administrative de quarante-cinq jours pour tapage nocturne a interrompu le bruit. «Certes, la musique s'est arrêtée, poursuit la jeune fille, mais à partir d'août, ça a repris vers 5 heures du matin. Est-ce qu'ils se sont mis à servir des peti